Jeunes physiciens suisses médaillés de bronze au IYPT

Emilie Hertig, EPFL

 

Des gymnasiens passionnés de physique, venus de 32 pays différents d’Europe, d’Asie, d’Amérique et d’Océanie, se sont rassemblés en juillet dernier à Pékin lors du 31ème IYPT (International Young Physicists’ Tournament). Cette compétition internationale, fondée en 1988, vise à donner aux jeunes scientifiques un bref aperçu du monde de la recherche : les participants sont amenés à réaliser des petits projets dont la préparation s’étend sur plusieurs mois, puis à présenter leurs résultats en anglais et à les défendre face aux critiques des autres équipes. A l’issue de cinq étapes de débats passionnés, des recherches théoriques avancées, des résultats expérimentaux variés et des performances convaincantes sur scène ont valu à la délégation helvétique une belle 10ème place.

Les récompenses sont attribuées selon la règle suivante : les trois ou quatre équipes les mieux classées reçoivent une médaille d’or et s’affrontent devant tous les autres participants lors de la finale, où elles ont la possibilité de présenter leur projet le plus convaincant. Les cinq équipes suivantes reçoivent une médaille d’argent, et le reste des équipes dans la première moitié du classement obtiennent le bronze. Cette année, la finale a été disputée entre la Chine, la Corée du Sud, l’Allemagne et Singapour, qui a atteint la première place et remporté le trophée pour la sixième année consécutive. Les concurrents suisses, David Tschan (capitaine), Daniel Gotsmann, Daniil Lozner, Piotr Salustowicz et Jakob Storp, encadrés par les Teamleaders Emilie Hertig et Eric Schertenleib, ont eu la joie d’ajouter une nouvelle médaille de bronze à un palmarès helvétique déjà bien fourni. En effet, la Suisse avait déjà remporté cinq fois le bronze, une fois l’argent et deux fois l’or, et continue de viser haut pour l’édition 2019 !

Le IYPT représente une opportunité formidable pour les étudiants enthousiasmés par la science : il leur permet notamment de rencontrer des jeunes du même âge, originaires des quatre coins du globe et partageant leur passion. De plus, les 17 problèmes ouverts sur lesquels les participants travaillent en vue du concours sont l’occasion de se familiariser avec des notions théoriques et des méthodes expérimentales dépassant largement le cadre de l’enseignement gymnasial ; une solution détaillée à l’un ce ces problèmes peut parfois aller jusqu’à être présentée à La Science appelle les Jeunes, ou même faire l’objet d’une publication. Ces questions de la recherche actuelle touchent à tous les domaines de la physique, de la mécanique à la thermodynamique, en passant par les fluides, l’optique et l’électricité. Quelques exemples de problèmes abordés par l’équipe 2018 : analyser la stabilité de trajectoires d’un pendule chaotique, inventer et construire un sismographe, faire léviter des particules sur des ondes sonores, ou encore expliquer les rais de lumières apparaissant lorsque l’on photographie une lanterne.

S’attaquer à de telles questions est un véritable défi pour un gymnasien, et implique un investissement personnel conséquent, autant d’un point de vue scientifique que du côté organisationnel et pratique. Le capitaine de l’équipe, habitant à Bâle, ainsi qu’un de ses coéquipiers scolarisé à Zuoz (Grisons), faisaient ainsi le déplacement jusqu’à Zurich (où se déroulent les séances de préparation) presque tous les week-ends pendant les semaines précédent le départ en Chine ; deux autres membres de l’équipe ont aussi dû équilibrer le temps consacré au IYPT par rapport à celui consacré à leurs examens de maturité. Bien que les projets de recherche soient individuels, le IYPT reste une compétition par équipe et le travail de groupe est indispensable lors des débats et interactions avec les autres équipes. Apprendre à gérer une collaboration et à composer avec les différences de niveau et de caractère au sein de l’équipe constitue donc un défi supplémentaire pour les participants. Le IYPT est ainsi l’occasion pour des élèves motivés d’être confrontés un environnement similaire à celui d’une équipe de recherche, ce qui en fait une expérience très instructive. Les cinq physiciens en herbe ont saisi cette occasion, fait preuve d’intelligence et de détermination tout au long du tournoi, pour finalement obtenir une médaille bien méritée et profiter de quelques jours de tourisme à Pékin et dans les environs. Faire quelques pas sur la Grande Muraille de Chine en compagnie des équipes de Suède et de Russie a permis de clore en beauté cette expérience inoubliable !

 

SYPT / IYPT, comment est-ce organisé?

Le IYPT, International Young Physicists’ Tournament, est une compétition internationale de physique ayant lieu chaque année dans une ville différente, et à laquelle participent plus de 30 pays. Chaque pays y envoie une équipe de 5 gymnasiens, qui sont amenés à travailler de manière autonome sur 17 problèmes ouverts dans les mois précédent le concours. Les équipes s’affrontent trois par trois devant un jury d’experts lors de physics fights, au cours desquels les élèves prennent tour à tour les rôles de reporter (présente sa solution à l’un des problèmes), opponent (analyse les points forts et faibles d’une présentation adverse et débat avec le reporter) et reviewer (synthétise la présentation et la discussion et donne son avis sur les points abordés). Les membres de l’équipe suisse sont choisis sur la base de deux étapes de sélection. La première est le SYPT, Swiss Young Physicists’ Tournament, qui a lieu en mars et se déroule à l’échelle nationale de manière similaire au IYPT. Les 9 concurrents les mieux classés à l’issue du SYPT sont invités à travailler sur un nouveau problème en vue de la qualification de l’équipe, quelques semaines plus tard, consistant en un examen écrit suivi de plusieurs physics fights.

 

[Publié: octobre 2018]